L'AGE DU BRONZE ET LE PREMIER AGE DU FER EN ANJOU
par Gérard CORDIER et Michel GRUET
L'essor des études protohistoriques appelle, comme préalable à toute vue d'ensemble sérieuse, l'exhumation des matériaux, parfois considérables, qui sommeillent, inutilisés ou inconnus des spécialistes, dans de nombreux musées. Une des plus belles illustrations en est fournie par l'Anjou, dont l'état des connaissances sur les Ages des Métaux tient pratiquement dans un ancien inventaire de Desmazières (1921), qui constitue une base de départ fort précieuse, mais ne donne qu'une bien faible idée de l'abondance des documents. A vrai dire, les seules données géographiques laissaient présumer cette richesse : ouverture sur la façade atlantique, axe de la Loire, voisinage de régions réceptrices dès le Bronze ancien, telles que Bretagne et Vendée.
Dès le début du siècle dernier, les relations de découvertes de l'Age du Bronze font leur apparition dans la littérature angevine. Bodin, auteur de « Recherches, historiques sur l'Anjou et ses monuments » (1821), décrit, avec un excellent dessin à l'appui, un dépôt de 28 haches découvert en 1814 à Distré. Il est intéressant de trouver dans une publication aussi ancienne des observations d'ordre technique : « vingt-sept de ces instrumens n'ont point été réparés à la lime en sortant des moules... ».
En 1861 a lieu près d'Angers, aux Ponts-de-Cé, une des plus magnifiques découvertes connues dans le genre : une poterie, « que l'impatience et la cupidité firent bientôt briser », renfermait 9 bracelets massifs, dont 8 incisés. De Soland, qui donne de cette trouvaille une minutieuse description accompagnée d'artistiques dessins (fig. 32), en apprécie déjà tout l'intérêt : « cette découverte, au point de vue de l'art, est d'une grande importance et je crois que c'est la première de ce genre qui ait été faite en Anjou... En examinant attentivement les losanges et la finesse des autres ornements gravés sur ces bracelets, on est étonné de trouver une si grande pureté d'exécution... » Ces pièces figurèrent à l'exposition universelle de 1867. Le dépôt de Durtal, qui devait être un des plus considérables du Centre-Ouest est découvert au même moment, mais non étudié.
De nombreuses autres découvertes de dépôts et d'objets isolés durent se produire dans le courant du xixe siècle. Cependant, en totalisant les statistiques de Chantre (1875), de G. de Mortillet (1894) et de Déchelette (1910), on ne parvient encore qu'à une douzaine de communes citées pour le Maine- et-Loire.
Il faut attendre Olivier Desmazières (1855-1936) pour que soient tentés les premiers inventaires. Son « Essai sur le Préhistorique dans le département de Maine-et-Loire » (1895), suivi d'un supplément la même année, mentionne une quarantaine de communes ayant livré des dépôts ou objets de l'Age du Bronze. Des recherches plus approfondies et des découvertes nouvelles lui permettent de recenser en 1921, 412 objets provenant de 79 communes. Malheureusement, ces publications pèchent par un manque total d'illustration, qui a laissé tomber dans l'oubli maint objet intéressant, voire exceptionnel, tel la grande hallebarde du musée de Saumur. Il s'en manque cependant qu'O. Desmazières
Gallia Préhistoire, Tome 18, 1975, 1.
