UN LIBRAIRE MADRILENE DU SIECLE D'OR FRANCISCO LOPEZ LE JEUNE (1545-1608)

Par Christian PELIGRY Membre de la Section Scientifique

Lorsque la Cour de Philippe II quitta la vieille résidence des rois visi- gothiques, dans le courant du mois de juin de 1561, combien de gens se doutaient, sur la route de Madrid, qu'ils allaient s'établir, et pour longtemps cette fois, dans une ville désormais promue au rang de capitale? Jusque-là itinérante, la Cour finissait par se fixer; Philippe II pouvait administrer un Etat qui avait enfin trouvé son centre de gravité. Il n'est guère utile de rappeler ici les raisons qui ont déterminé le choix du monarque. Notons simplement le fait: la Cour s'installait à Madrid et devait y rester sans interruption pendant 40 ans l. Si, au début du XVIIe s., elle s'absenta quelques années pour résider à Valladolid, elle revint en 1606 sur les bords du Man- zanares pour n'en plus bouger. Quelles transformations, quel changement profond subit cette petite ville qui comptait environ 20.000 habitants au milieu du XVIe s., et dont la population quintupla, pour le moins, en l'espace de 50 ans! Les édiles madrilènes avaient fort à faire pour résoudre les problèmes cruciaux posés par le ravitaillement et l'urbanisme d'une cité en pleine expansion *. Cependant, Madrid possédait l'insigne privilège d'abriter la Cour, et cela seul comptait pour les panégyristes qui, détournant leur regard de la prosaïque réalité, ne tarissaient pas d'éloges sur une ville qu'ils estimaient la plus belle du monde 3.

Une des conséquences les plus notables de l'érection de Madrid en capitale fut l'apparition de l'imprimerie — encore qu'il fallut attendre 1566 pour voir les premières presses fonctionner. Pérez Pastor, dans son introduction à la Bibliografia madrilena *, a évoqué avec justesse les facteurs favorables