LE LATIFUNDIUM SEVILLAN AUX XIVe ET XVe S. EBAUCHE D'UNE PROBLEMATIQUE
Par Antonio Collantes de TERAN Assistant d'Histoire Médiévale à l'Université de Seville
Toute analyse du monde rural sévillan au Bas Moyen-Age, doit prendre nécessairement comme point de départ les conditions qui permirent l'achèvement de la conquête et l'établissement postérieur de nouveaux colons. Le Libro del Repartimiento l reflète ce dernier aspect. Mais cette répartition, il faut aussi en tenir compte, ne fut qu'un point de départ. Le panorama de l'espace sévillan que nous offre ce document, n'est pas resté immuable. Après l'achèvement de cette répartition, presque aussitôt commencèrent à se produire une série de transformations qui défigurèrent le schéma initial; celles-ci affectèrent, entre autres aspects, la propriété de la terre et ouvrirent la voie à la formation de nouveaux latifundia.
En 1253, les veneurs du roi vendirent leurs terres à Inigo Lôpez de Oroz- co 2; la même année, plusieurs portiers du roi vendirent aussi à leurs collègues leurs lots de terre 3; au mois d'août, un notaire vendit au serviteur d'un autre la «donatio» (la donation) octroyée par Alfonso X 4; en 1258, ce monarque autorisa l'Ordre de Calatrava à acheter des propriétés appartenant à des «gens d'armes» et des artisans dans diverses nalquerias)) (domaines) pour un total de 120 yugadas (ouvrée) 6. A ces transactions il faudrait ajouter les échanges de propriétés et, surtout, les terres abandonees par de nombreux colons soit pour retourner à leur lieu d'origine soit pour s'établir
(*) Cet article est une amplification d'une communication présentée à la table-ronde organisée par la Casa de Velâzquez à Madrid, le 24 février 1975, sur le latifundium au Moyen-Age dans les royaumes de Sicile et de Seville. La traduction de l'Espagnol au Français à été réalisée par Jean-Paul LE FLEM.
1 Julio Gonzalez, El Repartimiento de Sevilla, Madrid, 1951, 2 t.
2 Ibid., t. II, p. 316.
3 Ibid., t. I, p. 268.
4 Ibid., t. II, p. 312.
B Ibid., t. II, pâg. 332, une yugada: espace labouré en un jour par une paire de bœufs et qui correspond dans certaines régions de l'Espagne à 50 fanegas de superficie ou 32 hectares.
