LES AVEUGLES COLPORTEURS D'IMPRIMÉS EN ESPAGNE
II DES AVEUGLES CONSIDÉRÉS COMME MASS-MEDIA 1
Par
Jean-François BOTREL Membre de la Section Scientifique
Los periôdicos callan.
Cantan los ciegos.
(El Mundo, l-VIII-1909)
Malgré une législation de l'imprimerie qui s'est efforcée, le plus souvent, de contrôler la production imprimée en Espagne, les aveugles ont longtemps pu distribuer et même produire une masse d'imprimés 2 dont une des caractéristiques est qu'ils naquirent fréquemment et plus souvent que tout autre hors la loi ou en contradiction avec le bon goût dominant.
Un tel état de fait ne manqua pas de faire problème aux autorités qui, pour remédier à cette situation, furent périodiquement amenées à prendre des mesures particulières: du maintien, comme celle de la Confrérie des
La première partie de cette étude (La Confrérie des aveugles de Madrid et la vente des imprimés: du monopole à la liberté du commerce [1581-1836]) a été publiée en Mélanges de la Casa de Velâzquez, t. IX (1973), p. 417-482, et sera citée sous la forme abrégée: La Confrérie des aveugles...
Les imprimés distribués par les aveugles sont appelés papeles ou libritos selon leur volume. Sont considérés comme papeles: les «Gacetas y demâs papeles que diaria- mente salen», puis les Diarios, les relaciones de buenos sucesos y novedades, de reos, de comedias, les salve que cantan los presos, les romances, les canciones, et copias, les jâcaras, et sâtiras, les calendriers, les motes nuevos para damas y galanes, les oraciones et divers papeles de devociôn, les estampas. Sont considérés comme libritos: les catéchismes et les neuvaines, les carlillas, les libros de cuentas ajus- tadas, les almanachs, les guias de forasteros, les pronôsticos, les comedias, les Historias.
